Dans le cadre du 2e session de l’AES, le sommet de Bamako restera comme un tournant majeur pour l’Alliance des États du Sahel (AES). Loin des déclarations d’intention, les dirigeants du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont posé des actes forts, traçant les contours d’un projet confédéral assumé, fondé sur la sécurité, l’autonomie économique et la maîtrise de l’information.

Dans un discours de clôture empreint de solennité, le Général d’armée Assimi Goïta a dressé un bilan de souveraineté marqué par la résilience des peuples sahéliens. Il a salué la maturité politique des populations, rendu hommage à la diaspora et souligné la solidarité stratégique entre les trois États, notamment face aux pressions économiques et diplomatiques extérieures. Sur le plan sécuritaire, il a confirmé la montée en puissance des forces confédérales, engagées dans la neutralisation de bases terroristes et la construction d’une sécurité endogène à travers la Force unifiée de l’AES. Le chef de l’État malien a également insisté sur le potentiel agricole et minier du Sahel, appelant à rompre définitivement avec le récit d’un espace condamné à la dépendance.

Moment fort du sommet, le discours du Capitaine Ibrahim Traoré a marqué les esprits avec sa métaphore de « l’Hiver Noir », décrivant un cycle de déstabilisation, de terrorisme et de pressions extérieures visant l’Afrique de l’Ouest. Pour le Président du Faso, la création de l’AES relève d’une nécessité vitale : un rempart collectif face à un chaos annoncé. Son message est sans ambiguïté : sans l’union sahélienne, le coût humain et politique aurait été dramatique.








Au-delà des mots, le sommet a surtout été celui des institutions concrètes. Les trois chefs d’État ont inauguré la Banque Confédérale d’Investissement et de Développement (BCID-AES), dotée d’un capital initial d’environ 500 milliards de FCFA. Véritable bras financier de la Confédération, la banque ambitionne de financer prioritairement les infrastructures, l’énergie et l’agriculture, tout en réduisant la dépendance vis-à-vis des bailleurs étrangers. Dans le même élan, le lancement officiel de AES TV a marqué une révolution médiatique : un outil stratégique destiné à porter la voix du Sahel, contrer la désinformation et affirmer la souveraineté informationnelle des peuples.

Sur le plan doctrinal, le Général Abdourahamane Tiani a réaffirmé la rupture avec l’ordre ancien, martelant que « la sécurité précède tout ». Dénonçant les accords jugés déséquilibrés du passé, il a défendu une vision où toutes les décisions majeures doivent être prises au sein de l’espace confédéral, condition indispensable à tout développement durable.
Enfin, le sommet a entériné un changement à la tête de la Confédération. Conformément au principe de rotation, le Capitaine Ibrahim Traoré succède au Général Assimi Goïta à la présidence de l’AES. Cette transition symbolise la continuité du projet confédéral, avec pour priorités l’opérationnalisation de la BCID-AES, le déploiement effectif de la Force unifiée et le renforcement de l’intégration économique. Le prochain rendez-vous est fixé à Ouagadougou en 2026.

En une journée, l’AES s’est dotée de ses deux piliers stratégiques — un poumon financier et un poumon médiatique — confirmant que l’Alliance n’est plus une expérience politique, mais une dynamique irréversible.
Dans les rues de Bamako, Ouagadougou et Niamey, une question s’impose désormais : après la banque et la télévision, quand viendra la monnaie confédérale ?
Le défenseur







