À l’approche des fêtes de fin d’année, la question des prisonniers politiques refait surface dans le débat public togolais. Cette fois, l’opposition semble vouloir explorer une voie moins frontale mais potentiellement plus efficace : celle du dialogue direct avec le sommet de l’État.
Réunis le samedi 13 décembre 2025 à l’initiative du RAAL Diaspora, des responsables politiques de l’opposition et des acteurs de la société civile ont engagé une réflexion stratégique autour des mécanismes susceptibles d’aboutir à des libérations, dans un contexte social et humanitaire jugé préoccupant. De cette rencontre est ressortie une proposition forte, portée par le président du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), Yao Daté : demander une audience directe avec le Président du Conseil, Faure Gnassingbé.
Une démarche pragmatique qui rompt avec l’immobilisme
Pour Yao Daté, l’urgence humanitaire justifie une approche dépassionnée et assumée. L’opposition, estime-t-il, doit être capable de consentir à des choix politiquement sensibles lorsque la liberté de citoyens est en jeu. L’idée d’un tête-à-tête avec le chef de l’exécutif, loin d’être une capitulation, se veut un acte de responsabilité, orienté vers des résultats concrets.
Cette sortie marque, pour plusieurs observateurs, un léger mais notable réveil stratégique de l’opposition togolaise, longtemps critiquée pour son manque de cohésion et d’initiatives audacieuses. En appelant à une mobilisation conjointe des partis politiques, de la diaspora et de la société civile, le président du CAR tente de fédérer au-delà des clivages habituels.
Un contexte politique favorable à un geste d’apaisement
La proposition s’inscrit dans un climat que certains jugent propice. Lors de son récent discours sur l’état de la nation, Faure Gnassingbé avait évoqué la possibilité de mesures de clémence à l’endroit de certaines catégories de détenus. Une ouverture que les participants à la rencontre entendent saisir, avant le traditionnel message présidentiel du Nouvel An.
Présent aux échanges, le Dr Kate a insisté sur la nécessité de créer une dynamique collective rapide, capable de peser dans la décision politique. Il a notamment suggéré d’associer les autorités religieuses à la démarche, afin de renforcer la portée morale et symbolique de l’initiative.
Des situations humaines jugées alarmantes
Les professeurs Gogue et Dosseh, également intervenus, ont attiré l’attention sur des cas précis de détenus dont l’état suscite une vive inquiétude. Pour eux, seule une décision de clémence présidentielle permettrait à ces prisonniers de retrouver leurs familles, notamment en cette période de fin d’année chargée de sens.
Au-delà de la question des détenus, la rencontre a permis d’aborder d’autres dossiers sensibles, tels que l’amnistie générale, la cherté de la vie, la cogestion gouvernementale ou encore l’assise politique nationale. Mais c’est bien la question des prisonniers politiques qui s’est imposée comme priorité immédiate, cristallisant les attentes et les espoirs.
Un test de maturité pour l’opposition
Si cette initiative aboutit, elle pourrait marquer un tournant dans la posture de l’opposition togolaise, en quête de crédibilité et d’efficacité. À défaut, elle aura au moins le mérite de relancer le débat sur un dossier hautement symbolique et de rappeler l’urgence d’un geste d’apaisement, à l’heure où le pays s’apprête à célébrer les fêtes de fin d’année.
La rédaction







