L’ affaire judiciaire du cyberactiviste et chroniqueur Steeve Amoussou, connu sous le pseudonyme de « Frère Hounvi » pour ses critiques contre le régime en place, alimente l’actualité depuis quelques jours au Bénin.
Le 12 août 2024, la plupart des Béninois ignoraient l’identité du mystérieux »Frère Hounvi » ainsi que l’endroit d’où il publiait quotidiennement ses chroniques. Son arrestation a révélé au grand public son véritable nom : Steeve Amoussou.
Ses proches dénoncent un enlèvement.
« Cet enlèvement crapuleux aurait eu lieu dans la soirée du lundi 12 août 2024 à Lomé, au Togo. Alors qu’il venait de terminer son repas, M. Steeve Amoussou, alias Hounvi, qui était sorti de chez lui pour acheter un article auprès d’une femme en face de son domicile, a été interpellé par quatre individus qui, sans décliner leur identité, l’ont enlevé », a révélé Aboubakar Baparapé, président de l’Organisation pour la défense des Droits de l’Homme et des Peuples.
L’opposition se mobilise
Ramené de son refuge togolais où il s’était exilé depuis 2019, Steeve Amoussou a d’abord été placé en garde à vue à la brigade économique et financière avant d’être présenté au procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) le mardi 20 août. Le cyberactiviste et chroniqueur Steeve Amoussou, est connu sous le pseudonyme de « Frère Hounvi et pour ses critiques acerbes contre le président Patrice Talon.
Les avocats du prévenu, ses proches et même l’opposition se mobilisent.
« Certains de nos compatriotes, qui considèrent les opposants comme leurs ennemis irréductibles, s’offusquent de l’émoi suscité au sein de la population par le kidnapping de »Frère Hounvi ». L’indignation généralisée provoquée par ce rapt indigne n’a surpris et contrarié que ceux dont les intérêts sont en opposition avec ceux de notre vaillant peuple », a expliqué Guy Mitokpè, porte-parole des partis politiques de l’opposition.
De graves chefs d’accusation
Les accusations portées contre le cyberactiviste sont très graves. À la CRIET, on reproche principalement à Steeve Amoussou le harcèlement par voie électronique, l’incitation à la publication de fausses nouvelles et la provocation directe à la rébellion.
Ces accusations ont conduit le procureur spécial de la CRIET à le placer sous mandat de dépôt, une décision qui n’a pas surpris son avocat.
« Avec le battage médiatique et toutes les mesures policières prises autour de la CRIET, je ne doutais pas un seul instant que M. Amoussou serait placé sous mandat de dépôt. L’audience est prévue pour le 7 octobre 2024 », a déclaré Victorien Fadé.
En attendant cette date, l’accusé est détenu à la prison civile de Missérété.