La scène politique togolaise s’agite de nouveau autour de l’Alliance nationale pour le changement (ANC). Alors que Jean-Pierre Fabre vient d’être réélu maire de la commune de Golfe 4, un scrutin remporté avec le soutien décisif du parti au pouvoir, Unir, une déclaration contradictoire de son propre entourage vient semer le doute sur la sincérité du parti d’opposition historique.
Selon les faits rapportés par Republicoftogo.com, cette réélection n’a pas été le fruit d’un hasard politique, mais bien d’une concertation en amont avec la majorité présidentielle, qui a choisi de ne présenter aucun candidat concurrent. Unir aurait même mobilisé ses conseillers et alliés pour assurer la victoire de M. Fabre, symbole longtemps revendiqué de la résistance politique.
Mais alors que cette convergence locale semblait inaugurer une ère de coopération politique, le conseiller spécial et porte-parole de l’ANC, Éric Dupuy, a tenu sur une radio de la place des propos qui font aujourd’hui polémique :
« Nous n’avons jamais fait de compromis avec le RPT/UNIR. Jean-Pierre Fabre a refusé toutes discussions avec ce parti. Nous nous sommes entendus avec d’autres formations politiques et des indépendants de Tovia pour reprendre la commune Golfe 4. »
Une déclaration jugée mensongère et maladroite par de nombreux observateurs, car elle entre directement en contradiction avec les faits officiels. Le soutien d’Unir à la candidature de Fabre ne fait en effet plus aucun doute.
Cette sortie médiatique maladroite a eu l’effet d’un coup de massue sur la réputation déjà fragilisée de l’ANC. Dans les milieux politiques comme au sein de la population, le parti est désormais accusé d’hypocrisie et de duplicité, lui qui a longtemps bâti son image sur le refus catégorique de tout rapprochement avec le pouvoir.
« Tout ce qui s’est passé prouve qu’il y a bien eu concertation. Nier l’évidence, c’est insulter l’intelligence des Togolais », confie un analyste politique de la capitale.
Cette honte politique met aujourd’hui à nu les failles d’une opposition en perte de repères. L’ANC, autrefois perçue comme le pilier moral du combat démocratique, apparaît plus divisée et affaiblie que jamais.
Dans les quartiers de Lomé, de nombreux militants expriment leur désarroi :
« On ne comprend plus ce que fait notre parti. S’il y a eu entente, qu’ils l’assument ! Mais mentir publiquement, c’est une faute grave », lâche un militant de longue date, amer.
La crise de confiance qui en découle pourrait bien être le tournant le plus périlleux pour l’ANC depuis sa création. Entre alliances tacites, discours contradictoires et perte de crédibilité, le parti de Fabre joue sa survie politique.
Et pour beaucoup, il est grand temps que les militants se réveillent, s’interrogent sur la direction prise et exigent la vérité sur les manœuvres en coulisses.
Le défenseur
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