Le remaniement ministériel dévoilé le mercredi 8 octobre 2025 par la Télévision nationale (TVT) n’a pas fini de susciter des remous dans la sphère politique togolaise.
Parmi les nouvelles figures du gouvernement, celle de Mme Moni Martine SANKAREDJA, nommée ministre des Solidarités, du Genre, de la Famille et de la Protection de l’Enfance, attire particulièrement l’attention.
Non pas pour son profil ou son parcours, mais pour la réaction immédiate et tranchée de son parti politique, l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI), qui déclare n’avoir « été ni de près ni de loin associé à cette nomination ».
Dans un communiqué rendu public le jeudi 9 octobre, signé du Professeur Tchabouré Aimé, président du parti, l’ADDI exprime sa surprise et sa désapprobation. Le parti affirme qu’aucune consultation n’a été menée avant cette nomination et qu’aucun cadre n’a été approché par les autorités pour une éventuelle participation au gouvernement.
Cette mise au point a valeur de désolidarisation politique : « L’ADDI informe l’opinion nationale et internationale qu’il n’est pas représenté dans ce Gouvernement », souligne le communiqué. Plus encore, la formation politique prévoit d’appliquer les dispositions disciplinaires prévues dans ses statuts en cas de « violation de la ligne du parti ».
Une question se pose alors : la ministre SANKAREDJA a-t-elle agi en dehors du cadre partisan ? Ou s’agit-il d’une stratégie gouvernementale de division et d’absorption politique ?
Un signal politique troublant
L’affaire soulève un enjeu plus profond : quelle est la logique derrière les choix de ce nouveau gouvernement ?
En nommant une militante d’un parti d’opposition sans concertation, le pouvoir en place semble vouloir donner une image d’ouverture, voire de « gouvernement inclusif ». Mais cette démarche est jugée par certains observateurs comme une manœuvre politique, destinée à affaiblir les partis d’opposition en suscitant des dissensions internes.
Le communiqué de l’ADDI est explicite : le parti dénonce « une gouvernance de façade » et appelle le régime à se concentrer sur « les véritables préoccupations du peuple togolais ».
Derrière cette phrase se cache une critique forte : le fossé entre les décisions symboliques et les attentes réelles des citoyens, dans un contexte socio-économique tendu et marqué par des aspirations de réformes profondes.
Un climat politique à surveiller
Cette polémique intervient alors que le pays sort à peine d’une phase électorale sensible et que le nouveau gouvernement était attendu sur des signaux d’apaisement et de relance nationale.
Mais cette affaire pourrait au contraire raviver la méfiance entre le pouvoir et une opposition déjà fragmentée.
Le geste gouvernemental – s’il visait à élargir la base politique du pouvoir – risque de se retourner contre lui, en renforçant la perception d’une politique de division.
Des interrogations ouvertes
- Quelle sera la réaction officielle de Mme Moni Martine SANKAREDJA face au communiqué de son parti ?
- Le gouvernement cherchait-il à envoyer un message d’unité nationale ou à fragiliser l’opposition ?
- Comment les autres formations politiques interpréteront-elles cette nomination ?
- Enfin, quelle place réelle occupe désormais la concertation politique dans la gestion du pays ?
Entre ouverture politique affichée et tensions partisanes réelles, la nomination de Mme SANKAREDJA met en lumière les fragilités du dialogue politique togolais.
Alors que l’ADDI se tient à l’écart du gouvernement, une chose est sûre : cette nomination, loin d’être anodine, marque un tournant révélateur dans la recomposition du paysage politique togolais.
Le pays, selon les mots mêmes de l’ADDI, « souffre ». Et à travers cette controverse, c’est toute la question de la sincérité de la gouvernance et de la cohésion nationale qui se trouve à nouveau posée.
La rédaction
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