L’ONG Les Amis de la Terre-Togo a tenu le vendredi 05 septembre 2025, une conférence de presse à son siège à Lomé pour exprimer son soutien aux habitants de l’île indonésienne de Pari, menacée de disparition par la montée des eaux et la destruction des écosystèmes.
À travers ce geste de solidarité, l’organisation veut attirer l’attention sur les parallèles frappants entre les communautés vulnérables d’Asie du Sud-Est et celles du littoral togolais, également en première ligne face à la crise climatique.
Une île au cœur d’un procès historique
Située dans la baie de Jakarta et culminant à seulement 1,5 mètre au-dessus du niveau de la mer, l’île de Pari a déjà vu 11 % de sa superficie submergée. Ses 1 500 habitants sont confrontés à la salinisation des nappes phréatiques, à des inondations récurrentes et à la perte progressive de leurs moyens de subsistance.
En janvier 2023, quatre habitants de l’île ont intenté un procès contre la multinationale suisse Holcim, accusée d’être l’un des plus grands émetteurs mondiaux de CO₂. Cette action en justice, toujours en cours, pourrait établir une jurisprudence historique en matière de responsabilité climatique des grandes entreprises.
Un miroir du Togo face à la crise
Pour Les Amis de la Terre-Togo, ce drame humain et environnemental résonne directement avec la situation nationale. « Comme l’île de Pari, nos communautés côtières sont confrontées à des menaces existentielles », rappelle l’organisation.
Le littoral togolais recule en moyenne de 2 à 5 mètres par an, affectant plus de 7 000 ménages, avec des pertes économiques estimées à plus de 20 milliards de FCFA par an. Selon le PNUD et la Banque Mondiale, ces impacts touchent en priorité des populations qui contribuent pourtant le moins aux émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Une solidarité internationale pour la justice climatique
Lors de la conférence de presse, Kokou AMEGADZE, directeur exécutif de l’ONG, a déclaré :
Il a également insisté sur la nécessité d’unir les luttes au-delà des frontières :
« L’affaire de l’île de Pari est un signal d’alarme pour l’humanité entière. Elle illustre la même injustice que vivent les communautés du Togo et de toute l’Afrique de l’Ouest. Les peuples paient le prix fort des excès des multinationales et des politiques de développement destructrices. Nous exigeons que justice soit faite et que les responsables rendent des comptes. »
« Aux côtés de nos partenaires en Indonésie, à travers Les Amis de la Terre International, nous affirmons que la justice climatique n’est pas une option mais une obligation. Ensemble, nous devons renforcer la résilience locale, restaurer nos écosystèmes et mettre fin à l’impunité des pollueurs. »
Les revendications portées par l’ONG
À travers cette initiative, Les Amis de la Terre-Togo demande :
- La reconnaissance juridique de la responsabilité des multinationales dans la crise climatique ;
- Le renforcement du Fonds international « Loss & Damage » adopté à la COP27 ;
- Le soutien à des solutions communautaires, telles que la restauration des mangroves et une agriculture paysanne durable ;
- La mise en place de politiques publiques contraignantes pour protéger les littoraux et assurer la justice sociale.
Un message pour le Togo et le monde
En se joignant à la lutte de l’île de Pari, l’ONG togolaise envoie un message clair : la crise climatique n’a pas de frontières, mais la solidarité non plus. Comme l’a conclu Kokou AMEGADZE :
« Défendre l’île de Pari, c’est défendre aussi nos villages côtiers, nos familles et notre avenir commun. La justice climatique doit être au cœur de toutes les décisions. »
Le défenseur
