Dans les rues animées de Lomé, quelque chose d’inhabituel capte désormais les regards : des centaines de stickers aux slogans percutants s’affichent sur les murs, les poteaux, les marchés, les arbres, et même les véhicules. Un message clair se répand : « Moi, nous disons non au franc CFA ». Ce qui n’était au départ qu’une initiative citoyenne se transforme en un mouvement régional de contestation et d’unité. Après la Côte d’Ivoire et le Bénin, c’est au tour du Togo de se joindre à ce soulèvement symbolique, affirmant sa volonté de souveraineté monétaire et de rupture avec un système hérité de l’époque coloniale.
Lomé s’éveille : un bastion francophone brise le silence
Dans un pays longtemps perçu comme fidèle au modèle économique francophone, l’émergence de ce mouvement contestataire surprend par son ampleur. À Lomé, les habitants ont non seulement vu apparaître des autocollants partout en ville, mais ils y ont massivement adhéré. La parole se libère :
« Nous ne rejetons pas la coopération avec la France, mais une monnaie qui nous condamne à l’endettement perpétuel », affirme un citoyen.
Ce ras-le-bol collectif traduit un désaveu profond du franc CFA, perçu par de plus en plus de Togolais comme une entrave au développement.
« On nous vante la stabilité du franc CFA, mais notre tissu industriel s’effondre, et nos jeunes fuient vers l’Europe. Quelle stabilité est-ce donc ? », déplore un étudiant de l’Université de Lomé.
Un revers pour la zone franc, un espoir pour l’unité régionale
L’élargissement du mouvement au Togo constitue un coup dur pour la zone franc, d’autant plus que cette contestation populaire semble s’inscrire dans une dynamique plus large. Tandis que certains États de la CEDEAO tergiversent, les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) — Mali, Burkina Faso, Niger — prennent une longueur d’avance en préparant une monnaie souveraine, adossée à leurs ressources naturelles et réserves d’or. Des discussions exploratoires avec le Togo sont même en cours pour une future intégration à ce système alternatif.
Le sticker, un emblème de résistance populaire
Ce qui était un simple autocollant est devenu bien plus qu’un outil de communication. Il est devenu le symbole d’une Afrique de l’Ouest qui se réveille, qui s’unit, qui refuse de continuer à vivre sous les reliques d’un ordre économique obsolète.
Ces petites images collées à la hâte racontent aujourd’hui une grande histoire : celle d’un continent en quête de dignité, de justice économique, et de souveraineté retrouvée.
L’Afrique de l’Ouest colle sa colère, mais aussi son espoir. Et chaque sticker posé est un pas de plus vers l’émancipation.
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