Violences post-manifestations : quand la traque des jeunes militants plonge des familles dans l’angoisse

À Lomé, les quartiers qui ont vibré aux cris des manifestants les 06, 26, 27 et 28 juin dernier portent encore les traces d’une répression sanglante.

Les habitants évoquent un climat de peur : arrestations massives, jeunes contraints à la fuite, corps sans vie repêchés dans les cours d’eau.

Selon plusieurs organisations de la société civile et de défense des droits humains, au moins sept personnes ont été tuées et des « dizaines » blessées lors de ces trois jours de mobilisation contre le pouvoir. Plus de soixante personnes auraient également été arrêtées. Ces organisations dénoncent des exactions commises par certains éléments des forces de l’ordre et des groupes supplétifs, exigeant l’ouverture d’enquêtes indépendantes.

TETEKPO, perçu comme un mobilisateur et traqué

Au cœur de ces drames se trouve le cas de TETEKPO Kossivi Clément, jeune militant connu dans son quartier pour son engagement. Considéré par les forces de l’ordre comme un mobilisateur influent ayant bénéficié du soutien financier du mouvement M66, il est devenu une cible au lendemain des manifestations.

Traqué par des hommes en treillis, il aurait été aspergé de gaz lacrymogène et violemment battu avant de réussir à échapper de justesse. Contraint à la clandestinité, il a finalement fui le pays. Sa destination demeure inconnue.

Une mère brisée

Sa mère, Afi, vit depuis dans la douleur et l’incertitude :

« Mon fils n’a rien fait d’autre que manifester pour ses droits. Aujourd’hui, il est recherché comme un criminel. Je ne sais pas où il est, ni s’il est encore en vie. Je vis avec la peur et le chagrin de ne plus jamais le revoir. »

Silence officiel et appels à la justice

Alors que le pouvoir reste silencieux, les appels se multiplient pour qu’une enquête internationale indépendante soit diligentée afin d’identifier les responsables et garantir justice aux victimes.

En attendant, les familles des disparus et des exilés, comme celle de TETEKPO, continuent de porter seules le poids de leur douleur, dans un climat de terreur et d’incertitude.