Route Lomé-Vogan-Anfoin : un chantier à 57 milliards FCFA pour un goudron déjà en lambeaux

La Nationale N°34, censée relier Lomé à Anfoin en passant par Vogan, incarne l’un des plus retentissants scandales infrastructurels du Togo.

Malgré des financements colossaux estimés à plus de 57 milliards de FCFA, cette route de 61 kilomètres n’a jamais été officiellement réceptionnée. Pire, moins de cinq ans après la fin des travaux, elle subit déjà un replâtrage d’urgence sur plusieurs portions, notamment entre Avéta et Kpomé.

Tout commence en janvier 2014, lorsque les travaux sont lancés pour une durée annoncée de 18 mois. Mais très vite, le chantier vire au cauchemar. L’entreprise togolaise CECO Group, attributaire initiale du marché, abandonne les travaux malgré un décaissement de 26 milliards FCFA. Il faudra attendre plusieurs années avant que la société chinoise China Road and Bridge Corporation (CRBC) ne reprenne les opérations, en modifiant le tracé initial, réduisant la largeur de la chaussée par endroits et se contentant parfois de réhabiliter l’ancien axe.

À la livraison en juillet 2021, soit plus de sept ans après le début du projet, les usagers découvrent une route au profil sinueux, dénuée de rigoles, construite avec des matériaux de qualité douteuse. Un ouvrage loin des standards attendus pour un tel investissement. Aujourd’hui, les nids-de-poule béants qui jalonnent certaines sections provoquent des accidents graves, souvent mortels.

Alors même qu’aucune réception officielle n’a été effectuée, les opérations de rafistolage ont débuté, preuve supplémentaire de l’échec du projet. Initialement budgétée à 37 milliards, la réfection de cette route aura finalement coûté près de 60 milliards de FCFA sans livrer une infrastructure durable. Un fiasco retentissant, symbole de la mauvaise gouvernance et de l’impunité qui gangrènent les grands chantiers publics au Togo.

Source : Le correcteur