Politique togolaise : Tribune de Sylvanus AKANHO N°4

L’heure a sonné pour les grandes coalitions politiques et un changement de discours...

Fragilisée par plusieurs décennies de règne sans partage du parti au pouvoir (RPT/UNIR), et par des luttes intestines tantôt de leadership, tantôt de vision, tantôt de discours obsolètes, etc, les partis non au pouvoir togolais (dit opposition) sont aujourd’hui à la croisée des chemins. Le rapport 108/5 ça vous dit quelque chose ?
Il faut tirer les leçons de ces expériences et se réinventer. Il faut aujourd’hui repenser la lutte.

A ce jour, le Togo enregistre plus d’une centaine de partis politiques, certains ayant été créés par esprit de vengeance, d’autres par esprit de cupidité, ou encore d’égoïsme et très peu par patriotisme et engagement réel.

Aussi, le changement récent de la constitution togolaise d’un régime présidentiel à un régime parlementaire amenuise davantage les espoirs d’alternance au sommet de l’Etat et la configuration actuelle de toute la scène politique togolaise assure une gouvernance ad vitam aeternam au parti au pouvoir actuel.

Tout ceci a donc pour conséquence directe, la résignation du peuple togolais et son total désintéret de la chose politique. Pour preuve la très faible participation des togolais aux dernières élections législatives et régionales d’Avril 2024. Quoi que les chiffres officiels donnaient 61% de taux de participation, la réalité du terrain était toute autre pour qui est un observateur aguerri de la politique togolaise.

Ceci dit, il incombe désormais à tous les partis politiques sérieux non au pouvoir (opposition) qui aspirent réellement à gouverner un jour ce pays à 1- coaliser et à mutualiser leurs efforts avec 2- un discours nouveau, objectif, pragmatique, clair, concis, véridique, partagé de tous et tout ceci dénudé de tout esprit d’egoisme, d’orgueil, de vengeance ou de cupidité et au travers duquel toutes les couches de notre société, sans distinction aucune se retrouveraient pour le travail, la liberté et la patrie.

Il est donc temps que les différents partis politiques togolais forment de grandes coalitions politiques.
Il est temps de capitaliser sur les points de convergence afin de travailler pour le bien et le mieux être de tous..
Il est temps que tous les partis qui ont des points de vue communs se rapprochent pour constituer une nouvelle et réelle force de propositions.

A titre d’exemple:

• Le FDR de maître APEVON et l’ANC de M. FABRE qui aujourd’hui sont dans la même logique de ne point siéger à l’assemblée nationale peuvent se mettre ensemble, former une coalition/ un regroupement auquel les autres partis qui épousent leur logique se joindraient..
• La DMP de Mme ADJAMAGBO et l’ADDI du Professeur GOGUE, ayant quant à eux décidé de siéger à l’assemblée nationale peuvent aussi surplomber leurs différences de vue et coaliser,
• Les centristes devront aussi faire pareil et ainsi de suite pour qu’in fine le parti au pouvoir n’aie en face de lui que 3 à 5 grandes coalitions solides pour une meilleure force de propositions électorales.

Ainsi, tout comme ailleurs, il y a la gauche et la droite, les démocrates et les républicains, etc, notre peuple se reverrait remobilisé et galvanisé autour de grands ensembles et de grandes idéologies.

Oui, le fait de simplement coaliser ne suffit pas (encore faut-il déjà y parvenir). Il faudra un projet de société unique, une vision commune et un règlement clair qui regira la coalition qui ne devra pas être que circonstancielle mais permanente avec possibilité de la muter en parti politique unifié.

Enfin, il faut non seulement composer avec l’expérience des aînés mais aussi et surtout avec l’expertise des jeunes. Il faut leur faire confiance, leur faire de la place et les associer aux prises de décision. (Oui, Il a fallu un Jordan Bardela de 28 ans comme Président du grand parti français le Rassemblement National pour aujourd’hui le révéler davantage.)

Quelqu’un me dira que je rêve trop grand et que nous ne sommes pas dans un monde de bisounours.
C’est vrai, mais étant donné qu’il m’est encore permis de rêver, autant le faire en grand.

Je ne saurai finir mes propos sans remercier ce peuple fort et résilient qui malgré tout espère toujours en un lendemain meilleur, remercier tous les responsables des différents partis politiques togolais non au pouvoir pour toute la lutte menée jusque là parfois dans la sueur, le sang ou l’exil, remercier également les dirigeants actuels pour leurs efforts de développement.

À l’ensemble, la main sur le coeur, ma génération et moi vous prions d’accepter de faire aujourd’hui des choix qui parfois ne seront pas des plus faciles mais qui comme les pères fondateurs de notre nation inscriront définitivement vos noms dans les livres d’histoire de notre pays et ce de la façon la plus honorifique possible pour plusieurs générations.
Je vous remercie. As