Plus d’une semaine après les manifestations massives de fin juin contre le régime en place, le parquet togolais a annoncé l’ouverture d’une enquête sur la mort de plusieurs manifestants. Cinq corps ont été repêchés dans deux cours d’eau à Lomé, en marge de ces mobilisations populaires. Alors que les autorités évoquent des décès par noyade — deux selon la gendarmerie — l’opposition, des organisations de la société civile et des ONG, dont Amnesty International, parlent d’au moins sept morts.
Cette ouverture d’enquête, attendue depuis plusieurs jours, semble répondre à la pression nationale et internationale. Mais au Togo, la méfiance reste de mise. À chaque fois qu’un drame de cette ampleur survient, une commission est annoncée, des enquêtes sont ouvertes… puis tout finit dans les tiroirs de l’oubli.
Les autorités doivent rendre des comptes cette fois-ci. Le peuple togolais refuse que cette nouvelle enquête soit un énième coup de communication sans lendemain. Il est temps que la vérité éclate et que les responsabilités soient clairement établies.
Une colère persistante, une mobilisation qui continue
Face à l’impunité persistante et aux réponses jugées insuffisantes, les organisateurs des manifestations de juin — artistes, blogueurs et jeunes activistes — appellent à reprendre la rue les 16 et 17 juillet. Une date hautement symbolique, puisqu’elle coïncide avec la tenue des élections municipales, que plusieurs partis d’opposition et organisations civiles demandent de reporter.
Le mécontentement populaire dépasse les simples revendications électorales. Les jeunes manifestants dénoncent :
- La répression brutale des voix dissidentes ;
- La montée en flèche des prix de l’électricité ;
- Et surtout, la réforme constitutionnelle controversée, perçue comme un outil de verrouillage du pouvoir par Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005.
Une enquête déjà discréditée ?
Brigitte Ameganvi, membre du mouvement citoyen Tournons la Page, exprime de sérieux doutes sur la crédibilité de la commission d’enquête annoncée par le procureur Talaka Mawama. Pour elle, il ne s’agit que d’un subterfuge de plus pour apaiser la tension sans résoudre le fond du problème.
Un appel solennel aux autorités togolaises
Le peuple togolais appelle à une justice réelle et indépendante. Il n’est plus question que ces morts soient classées sans suite. Les familles, la jeunesse et toute la nation méritent la vérité.
Cette enquête doit aller jusqu’au bout. Trop de drames ont été ensevelis dans le silence. Trop de promesses ont été trahies. Trop de Togolais sont tombés sans que personne ne réponde.
Cette fois, le gouvernement doit prouver qu’il a encore un minimum de respect pour la vie humaine et pour l’État de droit.
El defensor