Depuis plusieurs jours, les Togolais naviguent à vue… ou plutôt, tentent de naviguer, tant la connexion internet semble prise en otage par une décision non assumée, mais très perceptible. Alors que le pays traverse une nouvelle secousse sociopolitique, les réseaux s’éteignent à petit feu : coupures sournoises, ralentissements inexplicables, accès bloqués aux réseaux sociaux… Le signal est clair : au Togo, lorsque la tension monte, le Wi-Fi descend.
Selon l’Internet Society (ISOC) chapitre Togo, les perturbations ont débuté le 26 juin 2025. Elles sont « inhabituelles » dans leur nature mais tristement familières dans le contexte : déjà en 2017, lors d’une autre crise politique, le pays avait opté pour la même méthode — couper l’oxygène numérique des citoyens.
ISOC Togo, dans une déclaration mesurée mais ferme, rappelle que ces interruptions mettent sérieusement à mal les acquis du pays en matière de digitalisation des services publics, d’inclusion numérique et d’infrastructures modernes. « Les périodes de crise mettent à l’épreuve la durabilité des avancées importantes enregistrées par le Togo ces dernières années », déplore l’organisation.
L’accès aux plateformes numériques étant aujourd’hui un droit fondamental lié à la liberté d’expression, à l’accès à l’information, à l’éducation et à l’économie, ces coupures ne sont pas anodines. Elles piétinent le droit humain, restreignent la voix citoyenne et fragilisent encore plus la confiance entre le pouvoir et le peuple.
ISOC Togo en appelle à la responsabilité collective : celle du gouvernement, d’abord, qui ne peut prôner la modernité le jour et saboter les câbles la nuit. Celle de l’ARCEP ensuite, garante de la régulation et de la transparence du secteur. Et enfin, celle des opérateurs, qui doivent prioriser les droits des abonnés et non les humeurs du pouvoir. Le silence numérique imposé est une forme de censure, une entrave grave dans un contexte où les Togolais ont besoin de visibilité, de dialogue, et surtout de vérité.
À l’heure du tout digital, censurer Internet revient à éteindre la lampe torche en pleine panne d’électricité.
Le peuple a le droit de savoir, de s’exprimer, de se connecter — même (et surtout) en période de crise.
Il est urgent de reconnecter le Togo, pas seulement à Internet, mais aussi à ses engagements démocratiques.
El equipo editorial