L’éducation en Afrique traverse un cycle connu, répétitif, mais toujours insuffisant. Roger Ekoué Folikoué, philosophe engagé, nous invite à repenser en profondeur le système éducatif africain, pour en faire le levier d’une Afrique souveraine, innovante et fière de ses racines.
Le cycle scolaire, souvent considéré à tort comme la totalité du processus éducatif, ne représente en réalité qu’une étape dans un cheminement bien plus large. Pourtant, ce cycle se répète sans qu’on ne parvienne à un changement véritablement transformateur. « On constate des réformes de forme, des ajustements superficiels, mais le paradigme reste le même », déplore Folikoué.
Pourquoi ce statu quo ?
Le philosophe soulève plusieurs questions fondamentales :
- Peut-on espérer un changement significatif sans remettre en cause les bases mêmes de notre système éducatif ?
- Pourquoi cantonner la science à quelques disciplines dites exactes, alors que les sciences humaines – droit, philosophie, sociologie – méritent aussi leur place dans la construction du savoir scientifique africain ?
- Pourquoi les manuels scolaires restent-ils l’apanage de quelques éditeurs, sans élargir la participation aux concepteurs ?
- Quelle place accorde-t-on à nos langues maternelles face à l’omniprésence des langues étrangères ?
- Le système scolaire aide-t-il l’Africain à sortir du drame identitaire décrit par Cheikh Hamidou Kane, tiraillé entre deux cultures ?
Pour une vraie réforme, des réponses urgentes
L’Afrique doit s’interroger sur ses priorités éducatives :
- Quand verrons-nous de véritables réformes dans les cycles scolaires ?
- Pourquoi les diplômes et les examens ne sont-ils pas repensés pour mieux répondre aux besoins actuels ?
- L’université doit-elle être la seule voie possible, ou bien faut-il diversifier les formations qualifiantes, créer des pôles d’excellence et des passerelles entre systèmes ?
- Le modèle d’enseignement en alternance, alliant théorie et pratique, n’est-il pas une solution à promouvoir ?
Une éducation « made in Africa » pour un développement humain durable
L’école, souligne Roger Folikoué, doit cesser d’être une simple reproduction d’un modèle importé.
Elle doit devenir une école qui nous ressemble, qui investit dans notre capital humain pour faire advenir le meilleur de chaque citoyen.
Cette transformation éducative est un enjeu majeur pour un développement africain réel, fondé sur la souveraineté intellectuelle et culturelle.
« Pour ne plus nous asseoir sur la natte des autres », comme l’a dit Joseph Ki-Zerbo, il est urgent que l’Afrique reprenne en main son système éducatif.
L’enjeu dépasse la simple instruction : il s’agit de former des acteurs capables de transformer la société, de créer, d’innover et de défendre une identité africaine renouvelée.
Editorial staff
English 
French 
Spanish 
German 