Chaque année, le 30 août occupe une place singulière dans le calendrier national togolais.
Cette date emblématique, qui commémore l’Appel historique de Kpalimé lancé en 1969 par le président Gnassingbé Eyadéma, continue de marquer la mémoire collective.
À l’époque, l’appel avait réuni les forces vives de la nation autour de l’unité et de la cohésion, donnant naissance au Rassemblement du Peuple Togolais (RPT).
Depuis lors, Kpalimé, dans la préfecture de Kloto, se transforme chaque année en haut-lieu de mémoire et de célébration. Les cérémonies traditionnelles, orchestrées par des prêtres coutumiers, mêlent libations, prières aux ancêtres et offrandes, célébrant la paix, l’unité et la prospérité du pays.
Les symboles de cette journée sont visibles dans l’espace public à travers le Boulevard du 30 août, le Grand Hôtel du 30 août et la Place du 30 août, témoignant de l’impact durable de cette date sur la culture nationale.
Mais l’année 2025 donne une tournure particulière à cette commémoration. Le M66, mouvement de contestation contre le régime de Faure Gnassingbé, a appelé à manifester ce 30 août, rappelant les événements tragiques des mois précédents : les manifestations des 6, 26, 27 et 28 juin, qui avaient été marquées par des violences et des arrestations massives, avec plusieurs décès encore controversés.
Le M66 exige la libération des prisonniers politiques, le retour à la Constitution de 1992 et la démission du président Faure Gnassingbé, promettant de marcher « partout, sur les trottoirs du monde entier, drapeau en main ».
Face à ces mobilisations, le gouvernement organise également ses propres manifestations, mêlant conférences publiques et événements culturels à Kpalimé, dans le cadre de la commémoration des 20 ans du rappel à Dieu du Général Gnassingbé Eyadéma, père de la nation togolaise.
Placée sous le haut patronage de Faure Essozimna Gnassingbé, ces activités mettent en lumière la figure du Général, ses sacrifices et son rôle dans la construction de l’Etat togolais.
Ainsi, le 30 août 2025 se présente comme une journée de contrastes : hommage historique et débats politiques, mémoire et contestation, unité et divisions.
Kpalimé, traditionnellement symbole d’unité, devient cette année le théâtre d’une confrontation silencieuse entre mémoire nationale et aspirations populaires, rappelant que l’histoire et la politique du Togo continuent de se vivre dans l’intensité et parfois dans la tension.