À l’approche des manifestations annoncées pour les 26, 27 et 28 juin 2025, Lomé, la capitale togolaise, vit au rythme d’un déploiement sécuritaire d’une rare ampleur. Un climat de vigilance renforcée s’est installé dans plusieurs quartiers stratégiques de la ville.
Depuis lundi, les citoyens observent avec stupeur une omniprésence des forces de l’ordre. Si la circulation reste fluide et que les activités économiques ne semblent pas entravées, une tension sourde se fait sentir. Les regards sont inquiets, les conversations prudentes, et la question principale que se posent de nombreux Loméens est la suivante : vers quoi se dirige-t-on ? Une simple démonstration de force préventive ou les prémices d’une confrontation redoutée ?
La contestation actuelle est largement attisée depuis l’étranger, par des activistes et influenceurs togolais de la diaspora, très présents sur les réseaux sociaux. Ils appellent à une désobéissance civile contre ce qu’ils qualifient de « confiscation du pouvoir » et d’« absence de démocratie véritable ». En réponse, les autorités togolaises rappellent que toute manifestation publique doit respecter les cadres juridiques en vigueur.
Mais cette démonstration sécuritaire massive n’interroge-t-elle pas autant qu’elle rassure ?
À qui profite cette atmosphère de crainte ? Les autorités ne risquent-elles pas de transformer un malaise populaire en une colère généralisée ?
Si le droit à la sécurité est légitime, il ne saurait se substituer au droit à l’expression pacifique. En installant un climat quasi-militaire avant même le début des rassemblements, le pouvoir togolais ne donne-t-il pas un signal inquiétant à une population déjà éprouvée par les incertitudes sociales et économiques ?
À défaut d’apaiser, cette stratégie pourrait cristalliser davantage les frustrations. Il est temps que les dirigeants prennent la mesure du ras-le-bol silencieux qui gronde dans les foyers. Plutôt que la peur, le dialogue et l’écoute doivent redevenir les piliers de la gouvernance.
Le gouvernement peut-il encore renverser la vapeur et créer les conditions d’un pays apaisé, sans recourir à la contrainte permanente ? C’est un choix crucial. Car la paix ne se décrète pas : elle se construit par la justice, la transparence et la responsabilité.
The defender