Dans un climat politique marqué par des tensions persistantes, l’ancienne ministre des Armées, Marguerite Gnakadé, semble cristalliser un nombre croissant de soutiens, alors que la légitimité du président Faure Gnassingbé continue d’être remise en question par une frange de la population et certains acteurs de la société civile.
Depuis les dernières réformes constitutionnelles controversées — notamment la suppression de l’élection présidentielle au suffrage universel direct et la mise en place d’un régime parlementaire — des voix s’élèvent au Togo comme dans la diaspora pour dénoncer une « confiscation du pouvoir » par le clan au pouvoir depuis plus d’un demi-siècle. C’est dans ce contexte que Marguerite Gnakadé, personnalité discrète mais influente, a récemment été propulsée au centre des débats.
Un soutien inattendu dans les rangs civils et militaires
Selon plusieurs sources concordantes, Mme Gnakadé bénéficie de plus en plus de marques de soutien, y compris dans les milieux traditionnellement peu enclins à manifester une préférence publique dans les affaires politiques : des associations de femmes, d’anciens officiers de l’armée à la retraite, ainsi que des voix issues de la jeunesse urbaine.
Une pétition relayée sur les réseaux sociaux, appelant à « une alternative féminine crédible et républicaine à la tête de l’État », a recueilli plusieurs milliers de signatures en quelques jours. Bien que son origine demeure difficile à tracer, elle alimente les spéculations sur un possible repositionnement de Mme Gnakadé dans l’échiquier politique national.
Une figure montante dans l’appareil sécuritaire
Nommée ministre des Armées en janvier 2020, Marguerite Gnakadé est la première femme à occuper ce poste au Togo. Ancienne directrice des ressources humaines du ministère de la Défense, elle est réputée pour sa rigueur administrative et son influence dans la structuration des Forces armées togolaises (FAT).
Pour plusieurs analystes, son ascension est le fruit d’un savant équilibre entre loyauté au pouvoir et capital de confiance au sein de la grande muette. Certains y voient aujourd’hui une posture de repli stratégique du régime, qui pourrait chercher à lui confier un rôle plus symbolique dans un contexte d’isolement croissant sur le plan international.
Instrumentalisation ou alternative ?
Mais cette montée en visibilité ne fait pas l’unanimité. Des voix critiques, notamment dans l’opposition, dénoncent une manœuvre orchestrée pour donner un visage plus conciliant à un pouvoir contesté. Brigitte Adjamagbo-Johnson, coordinatrice de la CDPA, estime que « tant que les structures autoritaires resteront en place, aucun changement de visage ne pourra apporter de véritable alternance ».
Un tournant incertain
L’avenir politique de Mme Gnakadé reste entouré d’incertitudes. Est-elle appelée à devenir une figure de transition ? Ou son nom est-il utilisé pour désamorcer une crise institutionnelle de plus en plus difficile à contenir ? Ce qui est certain, c’est que dans un contexte où les lignes semblent bouger lentement mais sûrement, tout soutien public — surtout en provenance de cercles inattendus — peut être lu comme un signal.
Alors que le Togo se prépare à une éventuelle recomposition de son paysage politique, les prochains mois s’annoncent décisifs pour Marguerite Gnakadé et pour l’ensemble des acteurs impliqués dans la contestation du pouvoir en place.
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