Dans le cadre de son Programme national de développement des agropoles (2017-2030), le Togo met en avant la modernisation et la structuration de son secteur agricole. Parmi les initiatives notables, le Projet de transformation agro-alimentaire du Togo (PTA-Togo), également désigné comme l’agropole du bassin de la Kara, se distingue par son approche innovante en matière de développement économique et agricole.
Ce projet, qui s’inscrit dans la feuille de route gouvernementale 2020-2025, a pour ambition de lutter contre la pauvreté et la malnutrition en favorisant une croissance agricole inclusive. Il vise à renforcer les chaînes de valeur des produits agricoles prioritaires tels que le riz, le maïs, le soja, la volaille, le sésame, l’anacarde, les fruits maraîchers et les poissons, en s’appuyant sur des infrastructures modernes et un soutien accru aux producteurs.
Le PTA-Togo prévoit également la création d’emplois et l’attraction d’investissements privés grâce à des politiques incitatives et des partenariats public-privé (PPP). Le financement global de la première phase, qui s’étend de 2019 à 2025, est estimé à 38,3 milliards de Fcfa, cofinancé par des partenaires tels que la Banque africaine de développement (BAD), la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), la Fondation Saemaul et l’État togolais. Une seconde phase, d’un montant de 50,8 milliards de Fcfa, est en préparation pour la période 2025-2029.
Des résultats encourageants
Le projet a déjà montré des résultats prometteurs en matière de soutien à la production agricole. À ce jour, 32 Zones d’Aménagement Agricole Planifié (ZAAP) ont été aménagées, couvrant 12 000 hectares. Des équipements agricoles tels que des tracteurs et des intrants (semences, engrais, pesticides) ont été mis à disposition des producteurs, accompagnés d’un renforcement des capacités dans les techniques culturales et la gestion des coopératives.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la superficie cultivée de maïs a augmenté de 738 hectares en 2022 à 3 569 hectares en 2024, avec un rendement moyen passant de 0,9 T/ha à 2,4 T/ha. Pour le soja, la superficie est passée de 1 300 hectares à 1 540 hectares, avec un rendement de 1,1 T/ha (contre 0,8 T/ha). Le riz a également connu une progression significative, passant de 208 hectares à 1 470 hectares, avec un rendement de 2,8 T/ha (contre 1,4 T/ha).
En matière d’infrastructures, le projet a permis la construction de sept centres de transformation agricole (CTA) et de sept magasins de stockage de 350 tonnes. L’électrification de plusieurs villages et la réalisation de 120 forages ont également bénéficié à 42 000 personnes. Les CTA jouent un rôle essentiel en collectant les productions agricoles, en effectuant une transformation primaire et en offrant des services financiers et techniques aux producteurs.
Mobilisation du secteur privé et perspectives d’avenir
Le PTA-Togo a également favorisé l’installation de quatre opérateurs privés dans l’agro-industrie, mobilisant ainsi 3 850 hectares de terres agricoles. D’autres acteurs privés sont en cours de négociation pour des investissements supplémentaires.
À court terme, d’ici 2025, le projet prévoit la finalisation des barrages et des périmètres irrigués à Doufelgou et Tchikawa, ainsi que l’équipement et l’opérationnalisation des CTA pour améliorer la chaîne de valeur agricole. À moyen terme, d’ici 2029, le développement de ZAAP intégrées pour les femmes et les jeunes agri-preneurs est envisagé, tout comme l’exploitation du bloc rizicole de Possao dans la préfecture de Dankpen.
Un forum sur l’agropole de Kara est également prévu au premier trimestre 2025 pour attirer de nouveaux investisseurs grâce à des incitations fiscales et des garanties gouvernementales.
Le PTA-Togo représente un tournant significatif pour le développement agricole et la réduction de la pauvreté au Togo. En alliant modernisation, renforcement des capacités et investissements privés, ce projet ambitionne de faire du pays un modèle de croissance verte et inclusive en Afrique de l’Ouest, tout en contribuant à la souveraineté alimentaire et à la prospérité économique du Togo.
Editorial staff