Kpalimé, Togo – À l’ombre d’un manguier desséché, dans le petit village de Dzogbégan, Koffi, 12 ans, ramasse les derniers morceaux de bois tombés au sol. Il n’a plus d’arbre à couper — « ils sont tous partis », dit-il, d’un ton résigné, en parlant de la forêt qui bordait autrefois son école. Le changement climatique, ici, n’est pas un concept lointain : c’est un feu de brousse qui dévore les cultures, une pluie qui n’arrive plus, ou qui arrive trop, et surtout, un poids supplémentaire sur les épaules déjà frêles des enfants.
Un quotidien bouleversé
Depuis trois ans, les saisons ne sont plus les mêmes dans cette région montagneuse du Togo. La sécheresse s’installe plus tôt, les pluies deviennent brutales, les récoltes sont imprévisibles. Résultat : les familles, appauvries, retirent souvent les enfants de l’école pour les aider à survivre. « Je n’ai plus été en classe depuis la dernière inondation », explique Adjoa, 14 ans. Sa maison a été emportée par les eaux en avril dernier. Aujourd’hui, elle vit dans une tente en bâche plastique avec ses deux frères et sa grand-mère.
Les invisibles du climat
Selon l’UNICEF, les enfants sont les plus vulnérables face aux impacts du réchauffement climatique. Non seulement parce qu’ils sont physiquement plus fragiles, mais aussi parce qu’ils subissent de plein fouet les conséquences sociales : malnutrition, déplacements, déscolarisation, voire exploitation. Dans certains villages côtiers du Bénin voisin, des adolescentes de 13 ans sont envoyées travailler dans des marchés de grandes villes après la salinisation des sols qui rend l’agriculture impossible.
Des enfants qui s’engagent
Pourtant, face à cette crise, des voix juvéniles s’élèvent. À Lomé, le club scolaire « Climat-Jeunesse » regroupe plus de 80 collégiens qui mènent des campagnes de sensibilisation dans leurs quartiers. Leurs outils ? Des chansons, des pièces de théâtre, des plantations d’arbres symboliques. « Nous ne sommes pas les responsables de ce dérèglement, mais nous en sommes les victimes », scande Nadia, 15 ans, la présidente du club. « Et si les adultes ne bougent pas, nous, on va parler ! »
Une urgence politique et morale
Les experts s’accordent à dire que la voix des enfants est encore trop peu entendue dans les grandes conférences climatiques. Pourtant, ils représentent 40 % de la population mondiale et hériteront de la planète que nous leur laissons. « Inclure les enfants dans les décisions sur le climat, ce n’est pas une option, c’est un devoir », affirme le professeur Komlan Amévi, climatologue togolais.
Espoirs plantés dans la poussière
De retour à Dzogbégan, Koffi a planté un manguier derrière sa case. Il l’arrose chaque soir, même quand l’eau manque. « Si on replante un arbre chacun, peut-être qu’on aura de l’ombre encore… pour jouer. » C’est un geste minuscule face à un défi gigantesque, mais c’est peut-être là que renaît l’espoir : dans les mains sales, mais déterminées, des enfants de la terre.
The defender
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