Dans un contexte géopolitique de plus en plus complexe, la récente rencontre des présidents africains avec le président américain soulève des interrogations profondes sur la place de l’Afrique dans le monde.
C’est à travers une réflexion acerbe et pleine d’enseignements que l’écrivain et analyste FOLIKOUE Ekoué Roger, dans son intervention publique, dépeint l’image d’une Afrique qui semble encore prendre des rendez-vous à la table des puissants, tout en restant dans une position subordonnée.
Roger commence par questionner le déplacement de certains présidents africains — ceux du Gabon, de la Guinée-Bissau, du Liberia, de la Mauritanie et du Sénégal — aux États-Unis. Il s’interroge sur ce qu’ils ont réellement offert en termes d’image à leurs peuples, à l’Afrique et au monde.
L’auteur s’inquiète du fait que ces présidents puissent apparaître non pas comme des égaux aux yeux de leurs hôtes américains, mais plutôt comme des élèves qu’un maître convoque pour leur donner des leçons, une image renforcée par des remarques telles que : « vous parlez très bien anglais », questionnant l’origine de cette « reconnaissance » qui, selon lui, semble être un moyen pour l’Occident de rappeler sa position dominante.

Cette réunion, bien que qualifiée de sommet, interroge Roger sur le format même de ces rencontres. Pourquoi, selon lui, l’Afrique semble-t-elle s’être réduite à un simple rôle de figurant dans des discussions où la balance du pouvoir est déjà penchée en faveur des pays occidentaux ? Il dénonce une mise en scène où un président africain se retrouve seul, assis au centre d’une équipe, tandis que cinq autres chefs d’État africains se trouvent debout et disposés autour de lui. « L’image n’est-elle pas plus parlante que tous vos discours ? », interroge-t-il. Une image qui, selon Roger, exprime une absence de véritable souveraineté et de respect mutuel.
L’auteur met également en lumière une contradiction majeure dans la politique africaine. Alors que les présidents africains semblent être les bénéficiaires d’une « coopération gagnant-gagnant » avec l’Occident, Roger s’interroge sur la véritable nature de ces accords. Dans une vision africaine plus réaliste, n’est-ce pas plutôt l’Afrique qui devrait imposer ses conditions, en particulier en ce qui concerne l’exploitation de ses ressources naturelles ? À ses yeux, les discussions autour de la coopération devraient se traduire par une transformation profonde des structures économiques et sociales en Afrique. « Pourquoi ne mutualisez-vous pas vos moyens pour exploiter les ressources et transformer les conditions de vie sur le continent ? », demande-t-il, invitant les dirigeants à abandonner une position de subordination et à s’engager dans des démarches de développement autonome.
Roger semble également appeler à une rupture nette avec les anciennes pratiques. Plutôt que de se contenter de la reconnaissance extérieure, l’auteur incite les dirigeants africains à bâtir des institutions fortes et crédibles, capables de donner le ton et d’inspirer respect et coopération véritablement équitables. Loin de la fable du « corbeau et du renard », Roger appelle à une Afrique unie et résolument tournée vers un avenir où l’indépendance n’est pas seulement une question de discours, mais un acte tangible de souveraineté.
L’Afrique, pour Roger, doit se réinventer. Les puissances extérieures ont longtemps profité des richesses africaines sous des formes plus ou moins subtiles. Aujourd’hui, le temps est venu pour l’Afrique de prendre en main son destin et de refuser de se soumettre aux dictats des puissances extérieures. L’auteur interpelle les présidents africains : « Pourquoi ne pas vous unifier pour créer des cadres d’excellence sur notre continent ? » Cette question retentit comme un appel au changement, à la prise en charge par les Africains eux-mêmes de leur avenir.
Enfin, Roger FOLIKOUE invite à repenser profondément la nature de l’indépendance. Si l’interdépendance est inéluctable, elle ne doit pas rimer avec soumission. L’auteur conclut avec une question essentielle : « L’Afrique du 21e siècle, qui recherche son autonomie, emprunte-t-elle le chemin du vieux nègre de Ferdinand Oyono, à la recherche de médailles sous une forme déguisée ? » C’est un appel à une Afrique forte, autonome, et respectée, qui doit être capable de se faire entendre sans devoir toujours attendre la bénédiction extérieure.
Ainsi, pour FOLIKOUE Ekoué Roger, le défi actuel de l’Afrique est de transcender l’ancienne mentalité de subordination et d’embrasser pleinement sa place en tant qu’acteur principal sur la scène mondiale.
Editorial staff