Depuis la bascule vers le régime parlementaire le 6 mai dernier, le Togo navigue à vue. Trois mois après la démission de l’ancien exécutif, le pays reste sans gouvernement, et l’impatience gagne une population déjà éprouvée par l’inflation et les tensions sociales.
Faure Essozimna Gnassingbé, premier président du conseil des ministres de la Ve République, tarde à former son équipe. Les affaires courantes sont assurées par un cabinet démissionnaire, tandis que l’opposition et la société civile s’interrogent : qui contrôle réellement l’action gouvernementale en ce moment ?
Pour certains analystes, le pays n’était pas prêt à ce virage constitutionnel, adopté en avril 2024 puis promulgué un mois plus tard, sans véritable consensus national. « Cette précipitation n’a servi qu’à consolider le pouvoir en place », estime le sociologue Komi Waklatsi.
Les partisans du régime assurent pourtant que ce délai traduit une volonté d’unité et de cohésion. « Le futur gouvernement reflétera la diversité togolaise », promet Gilbert Bawara, ministre de la Réforme du service public. Mais pour la frange radicale de l’opposition, cette Ve République n’est qu’un « coup d’État constitutionnel » et la formation du gouvernement reste sans intérêt.
Dans un contexte de grogne sociale, marqué par les manifestations meurtrières de juin dernier, le silence du président du conseil des ministres alimente les critiques. Entre manœuvre politique et blocage technique, ce vide gouvernemental fragilise un pays en quête de repères et accentue la défiance envers ses dirigeants.
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