Le 6 juin 2025, jour marquant l’anniversaire du président du Conseil des ministres Faure Gnassingbé, la capitale togolaise s’est embrasée. Une contestation spontanée, menée en majorité par une jeunesse exaspérée, a secoué Lomé durant de longues heures, avant d’être brutalement réprimée par les forces de sécurité.
Tôt dans la matinée, les rues d’Akodésséwa, Bè Kpoté, Dékon et d’autres quartiers stratégiques de la capitale ont été envahies par des centaines de manifestants. À l’origine de cette flambée sociale : une opposition croissante à la récente réforme constitutionnelle, la vie de plus en plus chère, et surtout, l’arrestation du rappeur engagé Aamron, devenu l’un des symboles de la contestation populaire.
L’appel à manifester, initialement lancé de manière symbolique sur les réseaux sociaux comme un “cadeau” pour l’anniversaire du chef de l’exécutif, a rapidement pris une tournure explosive. La diffusion dans la nuit d’une vidéo du rappeur Aamron — hospitalisé dans un centre psychiatrique depuis fin mai — a mis le feu aux poudres. Malgré ses excuses publiques et un appel au calme, le mouvement s’est amplifié
« À mon âge, je suis encore obligé de demander 500 francs à mon père. Pourquoi ? », s’indigne un manifestant dans une vidéo devenue virale.
Escalade de tension et riposte sécuritaire
La marche pacifique a été rapidement interrompue aux abords du carrefour GTA, alors que les protestataires approchaient des quartiers administratifs. Gaz lacrymogènes, matraques, affrontements, jets de pierres : la capitale a été le théâtre d’un face-à-face tendu entre civils et forces de l’ordre. Plusieurs arrestations ont été signalées, dont celle de Gildas Koundé, influenceur très suivi sur les plateformes sociales.
Des témoins évoquent une répression ciblée dans les bastions supposés de l’opposition. La police, fortement déployée, a quadrillé plusieurs carrefours majeurs de Lomé.
Mise en garde musclée de l’État
Dans un communiqué publié quelques heures après les événements, le gouvernement togolais a fermement condamné les manifestations et les contenus diffusés en ligne. Il accuse certains internautes de faire “l’apologie des crimes et délits”, tout en rappelant que l’usage des technologies pour commettre des infractions constitue une circonstance aggravante au regard de la loi togolaise.
« Toute personne impliquée, directement ou indirectement, dans de tels actes s’expose, sans exception, à la rigueur de la loi », martèle le texte officiel.
Une tension persistante malgré le retour au calme
Si le calme semble être revenu en surface à Lomé, le soulèvement du 6 juin révèle un malaise profond, alimenté par des frustrations politiques, économiques et sociales. Derrière les gaz lacrymogènes, c’est toute une génération qui semble vouloir se faire entendre – coûte que coûte.
Die Redaktion