Le 8 janvier 2010, la planète football basculait dans l’horreur. À Cabinda, enclave angolaise coincée entre la République du Congo et la République démocratique du Congo, le bus de l’équipe nationale de football du Togo était mitraillé par des militants angolais du FLEC (Front de libération de l’enclave de Cabinda). Le drame survenait alors que les Éperviers se rendaient à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) en Angola.
Trois personnes perdirent la vie dans cette attaque : l’entraîneur adjoint de l’équipe, Améleté Abalo, le chargé de communication, Stan Ocloo, et le chauffeur angolais. Plusieurs autres membres de la délégation ont été gravement blessés, notamment le gardien Kodjovi Obilalé, touché à la colonne vertébrale et contraint de mettre fin à sa carrière.
Une décision fatale
Pour se rendre à Cabinda, l’équipe togolaise avait choisi de faire le trajet en bus depuis Pointe-Noire, où elle effectuait une étape de préparation. Une décision motivée par la volonté de gagner du temps. En effet, se déplacer en avion aurait nécessité une escale dans la capitale angolaise, Luanda, et prolongerait le voyage de plusieurs heures. Pourtant, la CAF (Confédération africaine de football) avait recommandé des déplacements aériens pour des raisons de sécurité, connaissant la situation instable dans cette région marquée par des décennies de conflits armés.
L’onde de choc mondiale
Les premières images et témoignages de l’attaque ont plongé le monde entier dans la stupeur. Des joueurs, encore sous le choc, décrivaient une scène de guerre : des tirs nourris pendant plusieurs minutes, un bus criblé de balles, et des vies brisées à jamais. « Nous étions venus pour jouer au football, pas pour mourir », déclare Emmanuel Adebayor, capitaine de l’équipe, qui rentra au Togo peu après.
Une suspension controversée
La tragédie fut suivie d’une décision polémique. Choqués et endeuillés, les Éperviers décidèrent de se retirer de la compétition pour pleurer leurs disparus. La CAF, dirigée à l’époque par Issa Hayatou, réagit en sanctionnant lourdement le Togo : une suspension de deux éditions de la CAN, une décision perçue comme « monstrueuse » et profondément injuste par les Togolais et la communauté internationale. Sous pression, la CAF finit par lever cette sanction quelques mois plus tard.
Un souvenir douloureux
Quinze ans après, l’attaque de Cabinda reste une plaie ouverte pour le football togolais. Les survivants, joueurs et membres du staff, continuent de vivre avec les traumatismes physiques et psychologiques de cette sombre journée. Kodjovi Obilalé, devenu un symbole de résilience, s’est reconverti dans l’humanitaire et milite pour une meilleure prise en charge des sportifs victimes d’accidents.
Le drame de Cabinda rappelle que le football, sport universel, n’est pas à l’abri des violences du monde. Ce 8 janvier 2010, les Éperviers du Togo ont perdu bien plus qu’une chance de disputer la CAN : ils ont perdu des frères, des rêves, et une part de leur insouciance.
Die Redaktion