
De Cape Coast à El Mina, de Gorée à travers l’Atlantique, l’histoire de l’Afrique porte encore les cicatrices d’un crime contre l’humanité. Ces villes côtières, devenues lieux de mémoire, rappellent à la face du monde l’ignominie de l’esclavage. « Des hommes et des femmes venus de l’Occident ont dénié à d’autres hommes et femmes le droit d’être des humains », écrit Ekoué Roger Folikoué.
À travers son texte puissant, l’auteur interpelle : « Entre ceux qui torturent et ceux qui subissent, qui sont les barbares et qui sont les humains ? » Derrière ces portes de la honte, des millions d’Africains furent arrachés à leur terre, chargés comme du bétail dans des cales de navires, privés de culture, de science, d’éthique et de devenir.
Mais de cette tragédie est née une exigence : celle de la liberté. Les chants de résistance – Freedom, Oh Freedom… We Shall Overcome – trouvent aujourd’hui un écho nouveau. Pour Folikoué, ce XXIᵉ siècle ne doit pas être celui de l’oubli mais celui de la transformation : « Avons-nous le droit, en ce XXIᵉ siècle, de créer d’autres fers et situations d’oppression dans nos propres États africains ? Africains et Africaines, l’Histoire nous regarde. »
L’auteur relie ce passé à l’actualité géopolitique du continent. Aux symboles tragiques des ports négriers (Cape Coast, El Mina, Gorée), il oppose aujourd’hui l’espoir porté par Bamako, Ouagadougou et Niamey – villes devenues le théâtre de luttes pour une souveraineté retrouvée. Il y voit un « point de non-retour », non plus vers la servitude, mais vers l’affirmation d’une Afrique nouvelle : indépendante, interdépendante, humaniste.
Pour Ekoué Roger Folikoué, la véritable liberté ne se limite pas à un discours ou à un drapeau : « L’indépendance doit être une tâche pour la pensée et un enjeu pour l’action », cite-t-il, reprenant le philosophe Kä Mana. Elle doit libérer les énergies créatrices, favoriser la coopération équitable, et refuser toutes nouvelles formes d’oppression, y compris internes.
Son texte se conclut sur un appel vibrant : « Une autre Afrique est possible et ça dépend de nous. Une Afrique qui libère, qui émancipe, qui s’ouvre aux autres dans un esprit d’humanité partagée. »
Au-delà du souvenir douloureux de la Porte du Non-Retour, Ekoué Roger Folikoué invite à franchir le seuil d’un nouvel horizon : celui d’une Afrique consciente de sa dignité, forte de ses valeurs et actrice d’un monde solidaire.
Die Redaktion