Amnesty International a exhorté, le mercredi 8 janvier, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, à abandonner les projets d’exécution des personnes condamnées à mort pour banditisme urbain. L’organisation de défense des droits humains s’inquiète du sort de ces détenus, récemment transférés dans des prisons de haute sécurité.
En RDC, les « kulunas », ces jeunes criminels tristement célèbres, sèment la terreur par des attaques d’une violence extrême. Armés de machettes, ils mutilent, tuent et dérobent leurs victimes, opérant aussi bien de jour que de nuit. Face à cette menace grandiose, les autorités congolaises semblent durcir leur réponse.
Le dimanche 5 janvier, le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a supervisé le transfert d’un troisième groupe de « kulunas » vers la prison d’Angenga, située dans le nord-ouest du pays. Lors de sa visite à la prison militaire de Ndolo, il s’est montré intransigeant : « On va exécuter la peine de mort. Sachez que vous n’allez pas retourner ici. On ne veut plus entendre parler des kulunas », at-il déclaré, avant leur embarquement sous escorte policière.
Selon le ministre, ces transferts marquent une étape supplémentaire vers l’exécution des peines capitales. « C’est la troisième vague de kulunas que nous envoyons dans des prisons de haute sécurité pour que la peine de mort soit appliquée », a-t-il ajouté.
Cependant, cette posture ferme l’alarme sur les défenseurs des droits humains. Sarah Jackson, directrice régionale adjointe pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International, s’est déclarée préoccupée par l’absence de garanties sur les procédures ayant conduit à ces condamnations. « L’annonce de ces transferts est conternante. Nous craignons que les autorités ne procèdent à des exécutions massives sans transparence ni garanties judiciaires », a-t-elle affirmé.
Amnesty International appelle le président Tshisekedi à se prononcer sans équivoque contre tout projet d’exécution. Depuis mars dernier, le gouvernement congolais a levé le moratoire sur la peine de mort, en vigueur depuis 2003. Une décision motivée par la volonté de combattre non seulement les rébellions armées dans l’est du pays, mais également le phénomène des bandits urbains.
Alors que la lutte contre les « kulunas » divise l’opinion publique, la question de la peine de mort reste au cœur d’un débat crucial entre sécurité publique et respect des droits fondamentaux.
Die Redaktion