C’est au prestigieux Musée Agnassan Paul Ahyi de Lomé qu’un souffle nouveau a traversé les couloirs de la mémoire africaine. Le jeudi 3 juillet 2025, la Compagnie EVAGLO a présenté son ambitieux projet de résidence de création : « Venavi Nye », un spectacle de marionnettes à destination du jeune public. Une œuvre artistique audacieuse, poétique et engagée, qui mêle théâtre traditionnel, art de la marionnette et scénographie numérique pour aborder un sujet brûlant : la restitution des biens culturels africains pillés pendant la colonisation.
Une statuette, une histoire, une quête
Au cœur de Venavi Nye, il y a Afiwa, jeune fille intrépide, éveillée par une veillée contée où elle découvre l’existence d’une statuette – une « venavi » jumelle – dont l’une a été volée et emportée en Occident. C’est le point de départ d’un voyage initiatique, un périple entre passé et présent, entre mémoire et modernité. Afiwa, traversant mers et déserts, en quête de l’objet sacré, incarne la jeunesse africaine confrontée à l’exil, mais aussi à la soif de vérité et de justice.
À travers son aventure, le spectacle questionne :
Qu’a-t-on volé à l’Afrique, au-delà des objets ?
La mémoire peut-elle se reconstruire sans les symboles de son passé ?
Une résidence au carrefour des arts et de la mémoire
La résidence, hébergée entre le Musée Paul Ahyi et la Maison de l’Oralité GABITE, explore les dimensions symboliques et sensibles de cette mémoire confisquée. La scénographie numérique, subtilement mêlée à l’art millénaire de la marionnette, plonge le public dans des univers oniriques, amplifiant les émotions, et renforçant le lien entre tradition et technologie.
Tsikplonou Vicky, marionnettiste, metteure en scène et directrice de la Cie EVAGLO, affirme :
« Les marionnettes ne sont pas que des objets. Elles sont des voix, des mémoires, des âmes qu’on ranime pour raconter ce que l’histoire officielle tait. »
Le retour des objets… et celui du débat
Au moment où plusieurs nations comme le Bénin, le Sénégal ou encore la Côte d’Ivoire ont entamé ou achevé le retour d’une partie de leurs objets d’art volés, le Togo se bat encore pour faire entendre sa voix. Pourtant, un constat frappe : la jeunesse est souvent absente de ce débat fondamental. Pourquoi ?
Est-ce un dossier réservé à une élite diplomatique et intellectuelle ?
Pourquoi lutter pour la restitution si ceux qui devront porter ce patrimoine demain n’y sont pas sensibilisés aujourd’hui ?
Venavi Nye répond à cette question par l’action. Par l’art. Et surtout par l’inclusion des jeunes dans cette conversation mémorielle. En remplaçant les colloques par le théâtre, les discours par les gestes, les conférences par les émotions, la compagnie EVAGLO réussit à tisser un lien puissant entre générations.
Une mémoire pour demain
Ce projet de résidence, en plus de son ambition artistique, se dresse comme un acte politique et culturel. Il vise à :
- Écrire un texte théâtral poétique et accessible, nourri des traditions et des histoires locales.
- Créer une scénographie numérique qui prolonge l’univers de la scène dans l’imaginaire collectif.
- Réancrer dans le cœur des jeunes africains la valeur de leur patrimoine, de leur histoire, de leur identité.
En guise de clôture…
Venavi Nye n’est pas qu’un spectacle. C’est une renaissance. Un appel à la réappropriation. Une lumière douce mais tenace qui éclaire les zones d’ombre de notre histoire commune. Et si, à travers une marionnette, l’Afrique se racontait enfin autrement ?
Der Verteidiger
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